lundi 28 avril 2014

Rythmes scolaires : les assouplissements de Benoit Hamon ne répondent pas aux attentes des Gilets Jaunes


Les assouplissements de Benoit Hamon : un vaste écran de fumée…

La réforme des rythmes scolaire fait décidément beaucoup parler d’elle depuis deux ans et ce n’est sans doute pas sans raison, comme on dit : « il n’y a pas de fumée sans feu… ».

Le premier Ministre Mr Valls nouvellement nommé avait rapidement annoncé la venue prochaine d’assouplissements concernant cette réforme.

Deux nouvelles possibilités.

Il aura fallu moins d’un mois au ministre de l’Education fraichement en poste Mr Benoit Hamon pour préciser ces « assouplissements » dans le cadre d’un projet de décret modifiant le précédent et d’une circulaire ministérielle.

Tout en précisant qu’il conserve « le socle » de la réforme, à savoir 5 matinées de cours, et qu’il refuse tout report, toutes les communes devant l’appliquer en septembre 2014, il nous présente ce matin, vendredi 25 avril 2014, les points essentiels de ces évolutions :
1.       Possibilité pour les maires de concentrer les Temps d’Activités Périscolaires (TAP) sur une même demi-journée
2.       Possibilité de diminuer la semaine d’une heure de temps scolaire, passant ainsi à 23h hebdomadaires, tout en récupérant ces heures sur les vacances scolaires. Bien sur tout cela en accord entre les communes, le rectorat et tous les acteurs.


Certes, le fait de recentrer les activités sur une demi-journée permettra de faciliter les partenariats avec les associations ou d’autres communes, facilitant ainsi le recrutement d’animateur et l’organisation qui en découle. Ainsi une certaine « économie d’échelle » sera faite, alors que l’Association des Maires de France (AMF) réclamait principalement que l’aide de l’Etat soit perpétuée au delà de 2014…

Mais ces modifications ne changent pas le fond du problème… bien au contraire…



Une école à plusieurs vitesses.

Ces modifications ne feront que renforcer les inégalités entre communes, favorisant une école territoriale et non nationale. Et même si en principe chaque commune peut revoir sa copie pour réfléchir à ces possibilités, le délai imparti pour le faire reste très court d’ici septembre, et même d’ici juillet car il faudrait que les projets soient bouclés avant les vacances estivales.
Par ailleurs cela arrive tardivement : les communes qui ont travaillé depuis des mois pour tenter de fournir des projets « acceptables » vont-elles vouloir remettre ce dossier sur la table ?



L’intérêt des enfants oublié.

Mr Peillon lui-même désavouait cet assouplissement, car il permet d’allonger encore le week-end dans le cas où une commune choisit de recentrer toutes les activités le vendredi après-midi. Cela parait très attractif pour les parents, mais c’est une toute autre chose pour le bien-être des enfants. 
Car le seul point où tous les spécialistes sont d’accord, c’est pour dire que le problème de la semaine de 4 jours est induit par son weekend trop long. Avec cette modification cela pourrait être pire !!! 
Un comble quand on dit s’inquiéter de la réussite des enfants ! Car Mr Peillon ne changeait rien au problème mais là Mr Hamon l’aggrave !

Notons cependant que mettre une matinée d'école supplémentaire le samedi matin ne semble pas non plus une solution, car cela ne tiendrait absolument pas compte de l'évolution de la société (parents séparés, etc...)

Par ailleurs la chronobiologiste  Sylvie Royant-Parola, nous rappelle par le biais de La Croix que « les temps consacrés aux activités périscolaires sont bien plus efficaces s’ils sont répartis sur plusieurs jours de la semaine. À cette fréquence, notre métabolisme, sachant qu’il aura une pause, fonctionne au maximum de ses capacités pendant les heures de cours. » Il n’y a donc pas un grand intérêt éducatif à tout regrouper sur un après-midi.



Un assouplissement qui n’a rien de nouveau.

Avec ces modifications, Mr Hamon ne fait que répondre à quelques localités où des expérimentations de qualité fonctionnaient depuis plus de 20 ans, en concertation avec tous les acteurs de terrain, et qui ne pouvaient pas rentrer dans le cadre du décret de Mr Peillon. Malgré de grandes annonces, il n’y a pas de vraie innovation dans cet assouplissement.



Une réforme qui reste inefficace.

Mr Hamon entend grâce à cette réforme permettre aux enfants de mieux apprendre à lire, écrire, compter et parler correctement. Or l’étude menée par le SNUipp en février 2014 nous informe : dans les communes où la réforme est en place, des volontaires, 88% des enseignants estiment qu’il n’y a pas d’amélioration sur les résultats scolaires !

On nous martèle qu’il faut concentrer les apprentissages fondamentaux aux moments  où les enfants sont les plus attentifs, et que pour cela il est mieux d’avoir 5 matinées de travail, alors quela réalité est toute autre !!!

           Les études nous indiquent en effet que sur une journée :
·         il y a bien un pic d’attention en fin de matinée, et souvent on n’en profite pas pleinement parce qu’il faut stopper les cours pour aller manger.

·         Il y a un pic d’attention en fin d’après-midi, supérieur à celui du matin, qui n’était pas beaucoup exploité auparavant et qui ne l’est souvent plus du tout avec cette réforme.


Aussi il ne faut pas oublier que les enseignants, principaux acteurs de terrain, sont les plus à même de connaitre leurs élèves et de savoir quand ils sont le plus attentif dans une journée afin d’adapter leur pédagogie et le contenu des cours. Ainsi des efforts sur leur formation seraient bien plus efficaces et pertinents que cette réforme inadaptée. Il en va de même pour le contenu des programmes, le nombre de postes, de RASED, etc…

Claire Leconte, chronobiologiste, ajoute en ce sens : «Plus personne ne s'intéresse au fait que les enseignants ne sont pas impliqués. Le texte ne parle que de chiffres. On ne s'intéresse pas aux enfants. Ce que je demande, c'est qu'on s'intéresse à l'enfant apprenant. Comment peut-on penser que le fait d'alléger une journée d'une demi-heure ou deux heures va changer quelque chose? C'est au sein de l'école elle-même et dans les pratiques des enseignants que les choses doivent changer. La plupart des enfants continueront à avoir des journées qui commencent à 7h30 et se terminent à 18h30.»

Plutôt que de financer cette réforme,  il y a bien d’autres priorités dont l’efficacité sur la réussite des élèves n’est plus à démontrer !

Aussi quand Mr Hamon déclare dans Le Monde « J'arrive à un moment où il reste à convaincre que ces nouveaux rythmes scolaires visent à mieux faire réussir les enfants. C'est l'une de mes tâches. », nous lui souhaitons bien du courage et lui rappelons qu’à l’impossible nul n’est tenu…



De nombreuses questions restent en suspens…

Comme le soulève Mr Raoult de la FCPE, il n’y a pas de réponse quant à la gratuité des TAP, qui malheureusement n’est pas d’actualité alors que seules les communes volontaires et qui se sentaient capables de l’appliquer l’ont mise en place ! Sans cette gratuité les inégalités sont creusées, l’école républicaine remise en cause.

Malheureusement le coût de cette réforme associé à la baisse de la Dotation Globale de Fonctionnement attribuée aux maires ne permettent pas de garantir cette gratuité.
D’autant plus que l’aide accordée par l’Etat ne couvre pas les dépenses totales et ne sera à prioripas reconduite au-delà de 2014 comme le demande l’AMF. Le ministre n’a transmis aucune information à ce sujet.

Sans oublier les questions d’insécurité liée à l’abaissement du taux d’encadement, la concurrence accentuée avec l’école privée (non tenue d’appliquer la réforme), la prise en charge des enfants en situation de handicap, etc…
Toutes ces questions lourdes restent sans réponses.




Une annonce qui laisse un goût de bricolage et de trop peu.


Pour les Maires :

Pierre-Alain Roiron, vice président de l'Association des maires de France (AMF), membre du Conseil national de l'Education (CSE): "Ces annonces vont plutôt dans le bon sens […] mais qui demande réflexion, les délais sont trop courts pour une mise en oeuvre à la rentrée. […] En revanche, nous attendons toujours une réponse du ministre à la question du financement des activités périscolaires ». 
Les principaux opposants politiques à la réforme sont également déçus. Les maires UMP, par exemple, qui réclamaient la possibilité de pouvoir choisir s'ils voulaient ou non passer à la semaines de 4,5 jours n'ont pas été entendus.

Pour les Enseignants :

Pour le Snuipp, premier syndicat d'enseignant qui réclamait une réécriture complète du décret initial, cette annonce laisse un champ d’expérimentation très réduit et des questions en suspens !
"Nous n'allons pas protester contre une mesure que nous avions demandée. L'opportunité de libérer un après-midi par semaine est intéressante à plusieurs titres (mais) le champ des possibles est bien maigre. C'est donc décevant", réagit le secrétaire général du mouvement sur le site internet de L'Express.
En effet avec cet assouplissement, les enseignants se verraient échanger le mercredi matin contre un après-midi qu’ils pourraient consacrer librement à leurs travaux de préparation, de concertation ou d’animations pédagogiques. Dans tous les cas, la semaine scolaire pourrait être organisée sur 8 demi-journées avec 5 matinées (mercredi ou samedi) et 3 après-midi. Paul Raoult, président de la FCPE, parle ainsi d’un « cadeau fait aux enseignants », sans donner la priorité aux enfants.

Pour les parents d’élèves :

La FCPE s’inquiète de la question de la gratuité et du bricolage du calendrier scolaire qui pourrait diminuer les vacances de la Toussaint ou allonger le troisième trimestre, deux erreurs à éviter selon eux. Par ailleurs, les TAP favorisant l’apprentissage du « vivre ensemble », il est mieux selon Mr Raoult d’étaler ces derniers sur la semaine.
Valérie Marty, présidente de la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'école publique) s’estime à moitié satisfaite. Pour elle regrouper les activités sur une demi journée est une bonne chose mais « [elle ne voit]  pas l'intérêt de réduire le temps d'enseignement d'une heure par semaine. Et enfin que va t-il se passer pour les villes comme Epinal ou Munster, qui ont mis en place de longue date des aménagements du temps scolaire qui fonctionnent? »


Pour les Gilets Jaunes :

Cette annonce n’est là que pour faire plaisir aux maires, mais cela ne changera rien sur la fatigue des enfants et encore moins sur les inégalités entre les écoliers français !
Il s’agit d’un écran de fumée pour tenter de faire passer cette reforme ! 
Par idéologie partisane, le gouvernement refuse de faire marche arrière tout en acceptant n’importe quoi…
Les gilets Jaunes n’acceptent pas ces nouvelles mesures. Ils maintiennent leur position et demandent l’abrogation pure et simple de ce décret sur les rythmes scolaires.
Le nouveau ministre doit reconnaitre les erreurs de Vincent Peillon rapidement, à défaut de voir l’ensemble des acteurs: Parents, enseignants, élus, animateurs et contribuables se soulever lors des prochaines manifestations prévues en mai.

NB : Le projet de décret doit être soumis au Conseil supérieur de l’Education le 5 mai. Une circulaire d’application devrait l’accompagner.


A VOIR :

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