Face à de nombreuses actions sans retour...
Ce message s'adresse à tous les citoyens de France.
"C’est un crime d’avoir accusé de troubler la
France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes,
lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le
monde entier." (Emile ZOLA - 1898)
Nous, collectif des Gilets Jaunes, protestons
depuis maintenant plus d'un an contre la
mise en place de la réforme des rythmes scolaires.
Nous sommes
nombreux, parents, enseignants, élus, mais également certains inspecteurs de
l'Education Nationale et DDEN à ne pas cautionner ces deux décrets (Peillon et
Hamon) qui passent en force contre les intérêts des enfants, des familles, des
collectivités.
Nous ne sommes pas
des habitués de la contestation, nous n'avons pour seul but que la protection
des intérêts des enfants de l'école publique. Notre union dépasse donc tout
clivage politique.
Devant les
difficultés rencontrées et exprimées par tous les acteurs pour donner du sens à
cette réforme dont les enjeux économiques au niveau européen et de l'OCDE sont
à peine dissimulés, le gouvernement a estimé nécessaire de mettre en place une
campagne de propagande menée tambour battant par Monsieur Peillon puis par son
successeur Monsieur Hamon.
A coup de sondages
bien arrangés et de monologues devant radios et télévisions, Monsieur Hamon
s'est imaginé avoir convaincu une opinion pourtant déjà réticente.
Lorsqu'une réforme
est noble dans ses intentions et bien pensée, nul besoin d'un tel matraquage
médiatique, d'autant plus que les opposants à la réforme ainsi que leurs
arguments n'ont eu accès aux médias que de manière à fournir l'illusion que la
parole leur avait été donnée.
Mais la réalité est toute autre : en effet, cette réforme bouleverse complètement le quotidien des enfants, les prive bien
souvent de leurs activités extrascolaires
choisies et de qualité, de la relation avec leurs grands-parents, les
fatigue outre-mesure en leur imposant des heures supplémentaires de
garderie, cette réforme met trop de petites communes à genoux financièrement,
sollicite la contribution des familles ou de l'ensemble des contribuables
d'une commune pour des activités périscolaires trop souvent décevantes, va
forcer des femmes à arrêter leur activité professionnelle car l'emploi du temps
de leurs enfants ne correspondra plus au leur.
Cette
réforme occulte totalement le fait que nos écoles publiques accueillent des
enfants handicapés, malades et porteurs de troubles divers. Ces enfants-là
n'ont pas le même traitement, n'ont pas droit aux activités périscolaires
soi-disant si enrichissantes et pour ceux qui ont des soins et des suivis
réguliers (le mercredi matin), une matinée supplémentaire, c'est beaucoup trop
de fatigue pour eux à fortiori...
Pourtant le défenseur
des droits avait alerté le gouvernement sur cette question en décembre 2012
durant la préparation du décret Peillon !
Enfin,
au-delà des coûts financiers spécifiques à cette réforme, ce sont les
relations entre l'Etat et les communes dans le fonctionnement des écoles qui
sont mises en cause (transfert de charges, de responsabilités...) Tant que
cette question ne sera pas résolue, clairement définie, la réponse sera
différente dans les 23 340 communes ayant une école, creusant ainsi les
inégalités entre les enfants et leur droit à l'Education.
Cette réforme, bien que rejetée
à deux reprises par les votes consultatifs du Conseil Supérieur de l'Education,
s'est vue décrétée, à la suite d'un simulacre de concertation avec des
représentants "choisis" des acteurs de l'école, bien loin des
réalités du terrain, et aujourd'hui contestés dans leurs propres rangs.
Cette réforme prétend réduire voire
faire disparaître les inégalités; l'effet produit se révèle être tout le contraire. Non seulement elle
les creuse mais de surcroît elle tire tous les enfants vers le bas.
En outre,
bien souvent leur sécurité ne sera pas assurée correctement : les taux
d'encadrement ont été revus à la baisse, on ne demande pas leur extrait de
casier judiciaire aux intervenants qu'ils soient bénévoles ou autres, à
certains endroits on recrute des animateurs avec ou sans BAFA sur un célèbre
site de vente entre particuliers...
Que dire de
la responsabilité des directeurs d'école durant ces temps périscolaires ?
Si une
évacuation tourne au drame parce que des bénévoles ou des animateurs
sous-payés, en contrats précaires de parfois 45 minutes par jour, avec le
turnover que cela implique, n'auront pas su la mener correctement, vers qui se
tournera-t-on ?
Vers
quelqu'un à qui l'on ordonne à la fois de porter la responsabilité de tout ce
qui peut arriver dans le bâtiment "école" et de tourner son regard
dès lors que le temps scolaire s'achève...
Le passage en force et imposé de tels changements dans notre pays, sans
concertation même si l'on vous clame le contraire, et avec un tel désengagement
et une telle légèreté dans la manière de traiter certaines questions, notamment
la sécurité des écoliers, est inacceptable... Nous nous demandons toujours
comment un tel système va permettre aux élèves de progresser... En effet,
même les chrono biologistes sont loin d'être tous d'accord sur cette question.
Et nous avons bien compris lesquels parmi eux ont été sollicités pour
travailler à la mise au point de cette réforme.
Et que dire
du postulat de départ, l'argument choc, l'essence même de tout ce problème,
j'ai nommé les "catastrophiques" tests PISA. Des tests
réalisés par des enfants de 15 ans, donc ayant été scolarisés 4.5 jours en
école primaire. Des tests dont l'interprétation, les modalités de passage, la
nécessité même sont sujettes à polémique, car nos enfants sont mis dans une
balance inégale (pays concernés, taux de scolarisation, etc...).
Nous
avait-on révélé, en même temps qu'on tentait de nous faire croire au si bas
niveau de nos enfants, que ces derniers avaient pourtant progressé en
compréhension de l'écrit, l'un des trois grands domaines évalués par PISA ?
Nous a-t-on expliqué aussi que baisser
dans le classement PISA lorsque d'autres pays y entrent, c'est logique et
mathématique ? (nous
sommes passés de 30 pays à 65)
Allons-nous tolérer que la sécurité
physique, morale et intellectuelle de nos enfants soit ainsi bradée, jetée en pâture au budget et à la politique
éducative de chaque commune, sans aide pérenne de la part de l'Etat, pour
aboutir à une territorialisation d'une école déjà fragile, qui deviendrait
alors profondément inégalitaire ?
Pourquoi ne
nous dit-on pas non plus que des communes guyanaises ont obtenu une
dérogation jusqu'en... janvier 2015 pour la mise en place de la réforme des
rythmes ?
De qui se
moque-t-on à la fin ?
L'organisation
devrait donc changer au retour des vacances de Noël ?
Jamais enseignants, parents et élus ne
s'étaient autant fédérés face à une réforme de l'Education Nationale.
Les retours de
l'expérimentation menée au cours de l'année scolaire 2013-2014 s'avèrent
majoritairement négatifs. Les enfants ont été plus fatigués et ont moins
bien appris. Et on déplore 55 % d'intentions de fuite vers le privé, non
touché par les décrets en cause (y compris sous contrat!).
Et cela, la
plupart des gens l'ignorent.
Pourquoi
donc ?
Et nous en venons là au coeur du
problème, qui selon nous
dépasse à présent cette seule question des rythmes scolaires. Bon nombre
d'entre nous, enseignants, directeurs d'école, élus, ont subi de grosses
pressions et des "rappels" au devoir de réserve, moyens jusqu'alors
utilisés de manière très rare, dans des cas isolés. Tout cela dans l'unique but
de ne pas amener les familles à s'interroger, ou même à réaliser ce qui les
attendait vraiment si cette réforme venait à être appliquée à toutes les écoles
publiques. En laissant volontairement planer le doute sur une mise en place
généralisée, en muselant les médias et les personnels de l'Éducation Nationale,
le gouvernement et plus précisément le ministère de l'Éducation Nationale ont
réussi à faire en sorte que beaucoup de gens se résignent en se disant que nos
représentants, à nous parents et enseignants, n'avaient pas suffisamment
"bougé".
Or la contestation existe bel et bien, contrairement à ce que l'on veut bien laisser
croire. Et elle dérange... au point d'en arriver à des méthodes dignes de celles
utilisées sous les plus célèbres dictatures. C'est ce qui s'est passé il y a
peu. La République a été foulée du pied par M.Hamon, ministre de l'Éducation
Nationale, avec la complicité froide et silencieuse de Mrs Hollande et Valls,
ceci cautionné par tous les autres membres du gouvernement.
Le lundi 30 juin 2014, Mme Évelyne Flacher, maire de Saint
Médard en Forez, à bout de solutions pour mettre en application la réforme
sans que cela mette les élèves en danger et fasse augmenter la facture fiscale de ses administrés, face à l'impossibilité d'établir un dialogue avec le ministre, décide
d'entamer une grève de la faim pour se faire entendre.
Spontanément,
une enseignante toulonnaise, Céline Fabre, la rejoint.
D'aucuns
qualifieront ce geste d'extrême, de disproportionné.
Toujours est-il qu'il paraît à ce moment-là la seule alternative
au refus d'entendre et de dialoguer de M.Hamon.
Peut-on
vraiment penser qu'on en arrive là uniquement par souci du budget municipal ou
de préserver quelques intérêts corporatistes ?
Tous les médias sont immédiatement
avertis par nos soins de cette
situation dramatique qui se joue dans cette petite commune. Dans un pays comme
la France, en 2014, une élue de la République en grève de la faim, cela
mériterait que l'attention des citoyens soit attirée. Pourtant, seuls quelques
organes relaieront cette information.
Mardi 1er juillet, en séance à
l'Assemblée Nationale, monsieur le
député Dino Cinieri interpelle le gouvernement sur cette question. La
réponse de M.Hamon est édifiante...
Après avoir
qualifié cette action de "violente", il semble perdre son sang froid
en criant ces mots:
"Laissez l'école tranquille !
Laissez les enseignants tranquilles ! Laissez-les travailler."
À travers
ces mots transparaissent parfaitement ceux qui envahissent probablement son
esprit à cet instant: "Laissez-moi tranquille !".
À l'issue de
cette séance, Dino Cinieri remet le courrier des gilets jaunes (soutien
aux grévistes de la faim et rejet de la réforme en l'état) adressé au premier
ministre, qui refuse de le prendre... Benoît Hamon jugera opportun, le
soir même, de publier cet extrait de séance sur sa page Facebook, suscitant
l'indignation des gens qui le suivent, avec plus de 700 commentaires fustigeant
son attitude jugée méprisante.
Céline Fabre se voit contrainte dès le
quatrième jour de mettre
fin à son action pour de sérieuses raisons de santé. Mais Évelyne Flacher
continue, dépérissant chaque jour un peu plus.
Les deux femmes réclament une audience auprès
du ministre, afin de lui exposer toutes les difficultés et les problèmes posés par
cette réforme. Dans l'indifférence générale sur fond de Coupe du Monde
de football et de garde à vue d'un ancien président... même l'assassinat d'une
enseignante à Albi ne parvient pas à trouver plus de 2 minutes de journal
télévisé...
Arrive samedi le sixième jour, six jours de
trop ! Les gilets jaunes
se démènent afin de trouver une issue, de parvenir à émouvoir le ministre et
obtenir cette fameuse audience.
Cela sera un échec.
Les médias sont
avertis en masse de la situation, l'état de Mme Flacher empire, sa vision se
trouble... Mais pas sa détermination.
L'information
ne sera que très peu relayée... seules de rares
enseignes, plutôt locales, diffuseront le soir même l'hospitalisation de l'élue,
à bout de forces, suite à un malaise.
Les pompiers
avouent que la préfète leur a injoncté de ne pas communiquer.
Nous
apprenons ensuite avec horreur que les médias nationaux ont reçu l'ordre
de ne pas relater cet événement. De qui ? Est-ce possible ?
C'est là
toute la question...
De la même
manière, alors que se tenait une conférence de presse des gilets jaunes à
Paris en juin, les journalistes devant s'y rendre avaient reçu une
annulation... Infondée, bien évidemment. Même incident aux Pennes Mirabeau,
quelques jours plus tard, un élu (Mr le maire de Cabriès, Hervé FABRE-AUBRESPY)
est en retard car "on" lui a téléphoné pour l'informer d'une
annulation...
Voici
comment, en France, en 2014, sont bafouées de concert la liberté d'expression,
la liberté de la presse et la voix du peuple.
"C'est quoi l'Ecole ?"
Finalement voici la question que se posent les
parents, les enseignants, les maires.
Une question simple que Benoît Hamon, Ministre de
l'Education Nationale, devrait, en tant que ministre et donc en mission
d'organiser, tant avec des projets de loi qu'avec des budgets qui permettent
d'appliquer la loi, la même pour tous dans notre pays, avoir le courage
d'affronter.
Moi,
citoyenne de ce pays, calme et sans histoires, sans bord politique, devant tant
de mépris, de non sens, de mensonges et d'injustice, je suis debout...
et
je ne me rassiérai que lorsque la France, cette nation dont je suis fière,
se
sera réveillée pour mettre fin à cette situation.
Alors j'accuse !
J'accuse nos
dirigeants politiques d'utiliser des méthodes honteuses, violentes par les mots
et méprisantes, pour parvenir à des fins dictées par des lois économiques et
des lobbies qui les dépassent et les poussent à ne plus assurer la protection
des citoyens et plus grave, celle de leurs enfants.
J'accuse tous ces
membres du gouvernement et une grande partie des acteurs du paysage politique
en haut-lieu de cautionner cet état de fait, en dépit des belles convictions
qu'ils affichent.
J'accuse les
représentants de l'État de suivre sans conscience des directives dénuées
d'humanité.
J'accuse une
certaine presse de se laisser intimider, peut-être même de se coucher devant le
pouvoir au mépris de la liberté et du devoir d'informer.
J'accuse le
gouvernement, qui se revendique "être à l'écoute" de ne pas répondre aux sollicitations, aux
préoccupations de ses concitoyens.
J'attends...
Et
j'invite tous ceux que ce discours a révoltés à se joindre à moi pour crier
leur indignation.
Citoyens ordinaires comme moi, élus de la République et représentants du
peuple, journalistes, célébrités, étudiants, nous sommes tous concernés lorsque
la République est en danger !
Parlez,
dénoncez !
Il est des actions qui dérangent et la nôtre en fait partie. Des gens
doivent rendre des comptes, aidez-nous à les faire sortir de l'ombre !
Bien à vous.
Collectif
des Gilets Jaunes,
Céline
FABRE.