samedi 5 février 2011

Rythmes scolaires: à Carcès, une réussite exemplaire

Alors que le débat sur les rythmes scolaires est relancé, l’école de Carcès vit, elle, une organisation originale depuis vingt ans. Un exemple singulier de réussite.

C’est une école primaire pas comme les autres. À Carcès, les enfants vont en classe du lundi au vendredi, mercredi matin compris. Sans faire la tête. Un après-midi par semaine, dit « sans cartable », est consacré aux activités sportives et culturelles, gérées par la municipalité. Gravure, théâtre, environnement… Les enfants choisissent. Un rythme unique en son genre dans le  Var, mis en place dans sa forme actuelle en 1998. « Il a fallu discuter avec tout le monde (parents, éducation nationale…) pour convaincre. Y compris le curé à cause du catéchisme le mercredi matin. Il l’a décalé l’après-midi. On s’est battu drôlement pour la dérogation », se souvient le maire Jean-Louis Allena. 
En fait, l’école Jules-Ferry a modifié profondément ses rythmes dès 1988. La vitesse supérieure est enclenchée dix ans plus tard quand les cours du samedi matin sont déplacés au mercredi. Une vraie révolution, acceptée par tous. C’est dire que le débat actuel sur les rythmes scolaires, lancé par le ministère de l’Éducation, fait sourire dans ce village où on vit différemment depuis plus de 20 ans.


Heureux de venir à l’école
Retour à la case départ, en 1988. « On est parti des constatations des chronobiologistes. Selon eux, les enfants travaillent mieux le matin. On a donc programmé quatre heures de cours le matin et deux l’après-midi », raconte Bernard Matesic, à l’époque enseignant, aujourd’hui directeur de l’école primaire Jules-Ferry. Petit à petit, l’ordre de la semaine entière est bousculé. Jusqu’au mercredi qui devient, en 1998, une matinée d’école, toujours pour suivre les spécialistes des rythmes de l’enfant. D’après eux, la concentration au travail est très bonne en milieu de semaine. Aujourd’hui, les mêmes chronobiologistes répètent la même vérité. À Carcès, on en est convaincu depuis longtemps.   
Quant aux ateliers culturels et sportifs, trois heures par semaine, c’est simple : « L’éducation ne s’arrête pas à apprendre le français et les maths à un enfant. C’est un tout », argumente le directeur. Exactement ce que souligne le prérapport remis en janvier au ministre Luc Chatel, qui pointe les carences des « temps de vie hors temps scolaire, disparates, trop laissés aux solutions individuelles et aux aléas sociaux ». Là encore, l’école de Carcès était dans le vrai avant tout le monde. 
Ces ateliers ont évidemment un coût : 100 000 euros et six emplois à travers un CEL (Contrat éducatif local) payés la municipalité. Trop cher? « Tout le monde pourrait faire comme nous. Il suffit de miser sur la jeunesse », tranche le maire Jean-Louis Allena. Le directeur, lui, constate que les enfants « viennent à l’école heureux. C’est déjà une de nos priorités. S’ils sont bien, après, on peut leur demander de travailler ». Les résultats scolaires ne sont ici ni meilleurs, ni pire qu’ailleurs « même parfois un peu au-dessus », lors des évaluations.

Un village dans le sud

L’exemple de Carcès est-il transposable à l’échelle d’une ville, d’un département? Ou est-il destiné à ...