mercredi 13 février 2013

Rythmes scolaires: pourquoi ça coince

On résume trop souvent – à tort – le bras de fer qui oppose syndicats enseignants et ministre de l’Éducation nationale à la seule demi-journée supplémentaire. Les syndicats le répètent pourtant à l’envi : ils ne sont pas contre la semaine des quatre jours et demi.

Les principaux points de divergence sont ailleurs. Cédric Turco, secrétaire départemental adjoint du SNUipp dans le Var, syndicat majoritaire dans le premier degré, les détaille. « Premier point : la refondation de l’école, telle que présentée actuellement, sous-entend une délégation plus grande aux mairies. On est contre cette décentralisation. Si cette réforme est adoptée, l’école ne sera plus la même à Toulon, Brest, Strasbourg ou Lille. Autrement dit, l’école ne sera plus nationale. Deuxième point : renoncer à la gratuité jusque-là obligatoire des activités périscolaires revient à privatiser l’école. On ne peut l’accepter. Enfin, on reste très attaché à la polyvalence des enseignants. On ne veut pas que l’enseignement se résume à lire, dire et écrire. L’éducation physique et sportive, la musique, les arts plastiques doivent rester des matières dispensées par les enseignants. »


POUR
Christophe Ducou, directeur de l’école Jules-Verne à La Seyne : « De véritables avancées »
Hier, Christophe Ducou n’a pas manifesté. D’ailleurs, au sein de l’école Jules-Verne, à La Seyne, dont il est le directeur, il n’y avait aucun gréviste. « Ce n’est pas un bon moyen pour faire changer les choses. » Changer les choses ? « La situation actuelle n’est pas du tout satisfaisante. Il faut accepter de prendre le taureau par les cornes pour revenir aux quatre jours et demi. Au départ, le syndicat dont je suis le secrétaire départemental, Unsa Éducation, n’était pas complètement favorable aux détails de ce décret. Mais il a été modifié dans le bon sens. » Et Christophe Ducou y voit désormais de « véritables avancées ».

Si notre enseignant n’a pas manifesté, c’est aussi qu’il juge, dans son ensemble, la réforme sur la refondation de l’école primaire « plutôt bonne ». Quant au décret sur les rythmes scolaires en question, « il est incomplet mais loin d’être scandaleux. Maintenant, il faut convoquer des conseils d’école et que tout le monde se réunisse autour de la table pour voir quelles sont les meilleures organisations possibles. Il faut accompagner la mesure plutôt que de s’y opposer. »

« Cette grève est un réflexe corporatiste »

Les critiques de ses collègues, et notamment du SNUipp, sur la qualité inégale des activités périscolaires suivant la taille des communes ? « C’est déjà le cas. Dans certaines communes, le temps de garderie périscolaire jusqu’à 18 h est gratuit ; dans d’autres, c’est payant. Certains villages ne proposent rien. Mais là, personne n’est descendu dans la rue pour s’en offusquer !» Quid des semaines qui seraient trop chargées ? « En tant qu’enseignant, ça ne va rien changer, puisque je vais continuer à travailler 24 h par semaine devant mes élèves. Les enfants, eux, auront des journées de 5 h 30 au lieu de 6 h. Et une pause minimum de 1 h 30 le midi, ainsi que du temps de loisir en plus. Pour se détendre, pas pour alourdir leurs journées. »

Autre point intéressant pour Christophe Ducou : « On rajoute la matinée du mercredi. Et comme chacun sait, c’est le matin que les élèves ont le plus de facilité de concentration. » Bref, d’après lui, si mouvement de grogne il y a, ce n’est que « réflexe corporatiste. »


CONTRE
Marc Leprini, directeur de l’école Octave-Maurel à Bandol : « Ça va alourdir les semaines »
Marc Leprini a battu le pavé toulonnais hier matin. Comme « une évidence » pour le directeur de l’école Octave Maurel, à Bandol. Même si, insiste-t-il vraiment, il n’a rien « contre une réforme des rythmes scolaires. Au contraire». Le changement serait bien « nécessaire », mais « en concertation » avec les professionnels de l’éducation. « Les enseignants auraient proposé quelque chose de différent si seulement le ministère avait demandé leur avis. » Car pour lui, ce décret sur la semaine des quatre jours et demi, avec le retour du mercredi matin, n’est rien d’autre que la « mainmise des communes sur l’Éducation nationale. »

Et d’expliquer : « Toute la partie périscolaire va nous échapper. Que vont faire les ...

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